Simon, mon skipper et propriétaire du bateau, l’a acquis en septembre 2019 et ramené à Sète sur un chantier naval avec Roland, un ami qui a une longue expérience de réparation de bateau. Il s’appelait alors Datura II. Je n’étais pas disponible à cette date pour venir les aider. Ils ont alors commencé les réparations nécessaires à la réalisation du projet.
Pendant qu’une voilerie confectionnait une grand voile neuve, un lazy-bag avec lazy-jack neufs, et remettait en état le Génois, ils ont changé les plexiglas des hublots latéraux. Par ailleurs le chantier naval remettait à neuf le mât et les haubans. Une entreprise est venue sabler la quille et la coque sous la ligne de flottaison.
Je les ai rejoints fin janvier 2020. Durant cette semaine nous avons restauré toute la partie sous la ligne de flottaison, la quille et la coque, à l’aide de résines spéciales que je préparais suivant un dosage précis, dans une pièce dédiée, avec une balance de cuisine et différents composants à peser avant mélange. Simple !!! Mais à condition de rester concentré, d’avoir bonne mémoire et de ne pas faire d’erreur de calcul ! Ce ne fut pas mon cas, et j’ai à la suite de l’une d’elles, du, avec mes compagnons, enlever tout le produit incriminé à la brosse et refaire la partie concernée. En plus du temps perdu, c’est une erreur qui a coûté cher. J’en ferais d’autres tant mes capacités de bricoleurs ont été poussées dans leurs retranchements.
Par ailleurs pour préparer le moteur, un Perkins diesel de 50CH, qui n’avait au départ pas de Baumann (un échangeur thermique permettant de le refroidir à l’eau de mer), nous sommes allés en chercher un d’occasion à Collioure, dont nous avons pu découvrir l’arrière pays au milieu des vignes, empruntant le lit d’un ruisseau pour rejoindre la maison du vendeur. Surprenante et sympathique excursion, avec vue sur les Pyrénées enneigées depuis l’autoroute.
Nous sommes retournés au chantier un mois plus tard pour travailler sur le moteur, avec le soutien technique de François, mécanicien à la retraite, ami de Roland, qui a son propre bateau qu’il a lui même construit.
Il a fallu le sortir du bateau. Ce n’est pas une mince affaire car le moteur est installé dans une cale exigüe, ou seul un enfant souple peu y trouver quelques agréments. Il a fallu à Simon faire preuve de sang-froid et de souplesse pour s’introduire dans cet espace restreint, et travailler à libérer le moteur de tous ses branchements et attaches qui entravaient sa sortie. Après avoir démonté les escaliers d’accès au carré, qui ferment la soute au moteur, nous avons attaché ce dernier à de solides cordages et commencé à le soulever à l’aide d’un palan attaché à une poutre posée en travers du pont au dessus de l’ouverture donnant accès au carré. Pour corser le tout, le moteur est posé un peu en arrière de l’ouverture. Pour l’amener à la verticale du puits de sortie, il faut jouer sur la façon de l’arrimer afin que l’arrière se soulève avant l’avant. Puis il faut le tenir pour éviter qu’il bute contre les parois latérales quand il se décroche de son berceau de silent blocs. Et, pour qu’il puisse sortir, il faut le pousser vers le carré, afin de le basculer, arrière vers le haut, pour que l’ensemble inverseur (sorte de boite de vitesse pour bateau) et moteur puisse sortir sans arracher une partie du haut des escaliers. Enfin, il a fallu à nouveau le basculer pour le poser sur la marche de sortie et enlever le palan afin de permettre au chariot élévateur du chantier de s’en saisir pour le sortir, et le poser au sol sur des palettes, à côté de celui que nous avons ramené de Collioure.
Premières galères
Nous convoyons le bateau de Sète à Hyères fin juillet 2020. Nous essuyons un avis de vent frais en arrivant à Marseille, et remontons au vent jusqu’au Frioul, avec juste la trinquette petite voile d’avant qu’on monte par fort vent. Nous avons toutes les peines à nous amarrer au ponton et, malgré, l’aide des plaisanciers déjà appontés, nous devons renoncer à le faire de manière conventionnelle, c’est à dire la poupe vers le ponton (l’arrière). Nous devons nous satisfaire d’appontage latéral poussés par le vent. Mise à part cet épisode mouvementé, la mer était bien formée et les vagues venaient de tous cotés, arrosant régulièrement le pont et le barreur (pour l’occasion Simon était trempé), le trajet s’est bien passé, juste quelques petites vibrations dont nous n’avons pu déterminées l’origine. À Hyères nous laissons l’Aventurine à son fils, qui est venu avec femme et enfants passer ses vacances en navigation côtière jusqu’à la frontière italienne. Nous rentrons chacun chez soi et nous nous donnons rendez vous pour récupérer le bateau à la fin de leur périple.
À notre arrivée toute la famille est prête à partir, nous laissant ainsi le champ libre pour évaluer la situation. Il a fallu pomper et vider l’eau emmagasinée. Une fois fait, nous avons constaté que les batteries moteurs avaient été mises hors d’état de fonctionnement, submergées par l’eau de mer. Il a fallu racheter des batteries (à Monaco il est plus facile d’acheter une voiture de luxe que de trouver des pièces détachées) et refaire les branchements électriques car les cosses avaient subies l’érosion entre sel et acide.
Une fois fini, nous avons vérifié la fixation du moteur et contrôler à minima la rectitude de l’arbre d’hélice en suivant les conseils d’un ami mécanicien bateau par téléphone, puis le circuit d’alimentation en carburant. Le moteur a redémarré après quelques tentatives et semblait tourner rond. Nous avons pu quitter le port pour nous rendre à Antibes après une nuit à l’ancre dans la rade de Villefranche sur Mer. Nous avons du descendre et remonter l’ancre à la main car le moteur du guindeau (treuil qui sert à ça) ne fonctionnait pas à cause d’une inversion lors de la réparation de fortune à Monaco. Arrivés à Antibes, où nous comptions refaire dans les règles de l’art les branchements électriques, le démarreur rend l’âme et nous ne pouvons rejoindre l’emplacement qui nous avait été assigné. La capitainerie nous autorise alors à rester sur le ponton d’arrivée le temps de réparer. Le prix des démarreurs dans les boutiques étaient prohibitif, d’autant que nous en avions 2 restés au chantier mais inaccessibles car l’entreprise était en vacances. Simon a finalement trouvé une entreprise près de son domicile qui en vendait des reconditionnés. Sa femme est allée le chercher et nous l’a envoyé par la poste. Pendant ce temps, nous avons refait tous les branchements et remis le guindeau en état de marche suite à la visite d’un technicien qui nous a signalé l’inversion des fils.
Après 4 jours à Antibes à tout remettre en état et à regarder les immenses yachts qui nous entouraient, nous avons pu reprendre la mer : direction Sète après quelques escales sans trop de soucis à Saint-Tropez, où nous avons aperçu une baleine. Porquerolles, Les Ambiez, Marseille et Port-Camargue. À Sète, il faut rejoindre l’étang de Thau en passant par les canaux au rythme de l’ouverture des différent ponts routiers et ferroviaires, qui en entravent l’accès et qui fonctionnent à heures fixes une ou deux fois par jour. Nous ramenons le bateau au chantier pour une nouvelle saison de travaux.
Cet article a 6 commentaires
Bon voyage, bon vent et belles découvertes. Profitez de cette expérience enrichissante que je suivrai. Mon bon souvenir
Merci Brigitte cordialement Robert
Chantal et moi te souhaitons une bonne navigation j’espère que ton départ est imminent
Salut tous deux,le départ est prévu bpour dans 2 ou 3 joursnle temps d’une révision bmoteurvet d’une réparation voile. Dans le meilleur des cas, cap sur les Baléares puis Gibraltar départ jeudi sinon vendredi
Bonsoir Robert. Belle aventure en perspective…. Je ne manquerai pas de te suivre dans ce périple. Bon départ et bon vent
Merci Nadine